Blé tendre : le gouvernement resserre les mailles pour protéger le pain des Marocains

Le pain, aliment de base de millions de foyers marocains, fait l’objet d’un nouveau dispositif de contrôle destiné à en garantir l’accessibilité. Le gouvernement vient en effet de publier, dans le Bulletin officiel du 2 octobre, un cadre réglementaire inédit pour encadrer la filière du blé tendre et la distribution de la farine subventionnée. Une mesure qui s’inscrit dans le contexte de tensions persistantes sur les marchés agricoles mondiaux et d’une production nationale insuffisante en 2025.
Ce dispositif, piloté conjointement par les ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et du Budget, confie à l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) un rôle central. L’Office devient le véritable chef d’orchestre de la chaîne d’approvisionnement : il supervise les appels d’offres pour l’achat du blé tendre, désormais réservés aux commerçants et coopératives agricoles dûment enregistrés, et veille au respect des prix plafonnés, de la qualité de mouture et de la distribution finale.
L’objectif est clair : verrouiller le circuit du champ à la boulangerie pour éviter toute spéculation et maintenir la stabilité du prix du pain. Le gouvernement a fixé le prix de vente du blé tendre aux minoteries à 258,80 dirhams le quintal, ajustable selon la qualité. Deux types de farine sont concernés : la nationale (81 % d’extraction) et la spéciale (74 %). Les marges de mouture sont strictement définies et le conditionnement standardisé — sacs de 50 kg, bande verte de 10 cm sur chaque face, prix affiché.
Côté consommateur, le prix public maximal de la farine nationale est verrouillé à 200 dirhams le quintal, et abaissé à 100 dirhams dans les provinces du Sud, où l’État compense totalement les surcoûts logistiques. Pour les minoteries, la subvention s’élève à 143,37 dirhams par quintal, couvrant également les frais de transport et de manutention.
Pour prévenir tout détournement, chaque sac de farine subventionnée portera désormais un numéro unique et un sceau officiel. Ce système de traçabilité permettra un suivi complet, de la production à la distribution, garantissant que les aides publiques bénéficient bien aux populations visées.
Cette nouvelle architecture marque un tournant dans la gouvernance de la filière céréalière. En verrouillant les prix et en encadrant rigoureusement les marges, l’État entend concilier sécurité alimentaire, transparence économique et justice sociale. Un pari ambitieux pour préserver, dans un contexte tendu, l’un des piliers du quotidien marocain : le pain.
Avec h24info.ma
