Huile d’olive : production record et une chute spectaculaire des prix

Le Maroc s’apprête à vivre une saison oléicole exceptionnelle. Après deux années de sécheresse ayant durement affecté les récoltes, la campagne 2025 s’annonce historique avec une production estimée à près de deux millions de tonnes d’olives, soit plus du double de celle enregistrée l’an passé.
Cette reprise spectaculaire devrait se traduire par une baisse significative du prix de l’huile d’olive, désormais attendue autour de 50 dirhams le litre, contre plus de 100 dirhams au début de l’année.
Les conditions climatiques favorables du printemps ont profondément transformé la physionomie des vergers. Après plusieurs saisons marquées par la sécheresse, les précipitations abondantes ont permis une renaissance des oliveraies, notamment dans les régions de Taounate, Fès, Meknès, Marrakech, Beni Mellal et Taroudant.
Les oléiculteurs évoquent une année « salvatrice », où les arbres, longtemps affaiblis par le stress hydrique, ont retrouvé un niveau de production inédit depuis près d’une décennie.
Les premières estimations tablent sur une production de 200 000 tonnes d’huile, soit l’un des meilleurs rendements de la décennie. Même si les fortes chaleurs tardives de l’automne pourraient légèrement réduire ce volume, les prévisions demeurent nettement supérieures à la moyenne nationale.
Cette production record intervient alors que la consommation nationale d’huile d’olive s’élève à environ 140 000 tonnes par an. Le Maroc se retrouve ainsi avec un excédent significatif, ouvrant la voie à une diminution mécanique des prix sur le marché intérieur.
Les professionnels estiment que les tarifs de détail pourraient chuter de moitié, revenant à des niveaux proches de ceux observés avant la flambée inflationniste de 2022–2023.
La forte disponibilité du produit, combinée à la baisse des coûts de trituration et à l’amélioration de la logistique locale, devrait également stimuler les exportations vers l’Europe et l’Amérique du Nord.
Pour les consommateurs marocains, parmi les plus gros amateurs d’huile d’olive au monde — près de 3 litres par personne et par mois —, cette baisse de prix représente une véritable bouffée d’oxygène.
Le litre, qui se vendait encore à plus de 100 dirhams il y a quelques mois, pesait lourdement sur le budget des familles.
La chute des prix pourrait donc rendre à nouveau accessible ce produit de base de la cuisine marocaine, tout en redynamisant la consommation intérieure.
Grâce à la qualité reconnue de son huile d’olive et à ses variétés emblématiques — Picholine marocaine, Haouzia ou Menara —, le Royaume ambitionne de renforcer sa présence sur les marchés internationaux, notamment en Europe.
Avec cette récolte abondante, l’huile d’olive marocaine pourrait concurrencer davantage les productions espagnoles, italiennes ou grecques, profitant d’un contexte où plusieurs pays méditerranéens connaissent une baisse de rendement due à la chaleur extrême et aux maladies du verger.
Cette dynamique pourrait aussi soutenir les exportations à forte valeur ajoutée, notamment via les appellations d’origine protégée (AOP) et les circuits spécialisés orientés vers la gastronomie.






