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Alimentation : entre inflation et sobriété, les Marocains repensent leurs assiettes

Les habitudes alimentaires des Marocains connaissent une mutation profonde, portée à la fois par la hausse des prix, la contraction du pouvoir d’achat et une prise de conscience accrue des enjeux de santé et de durabilité. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’inflation alimentaire s’est établie à 7,8 % en moyenne sur les neuf premiers mois de 2025, après un pic de 10,1 % en 2023, marquant un ralentissement relatif mais encore perceptible pour les ménages.

Face à cette pression inflationniste, les familles marocaines révisent leurs habitudes. Les produits importés — notamment le riz, les huiles végétales et les laits infantiles — restent soumis aux fluctuations du marché mondial. En septembre 2025, le prix moyen du riz importé a progressé de +12 % sur un an, selon l’Office des Changes, tandis que celui des huiles végétales reste supérieur de +8 % à son niveau d’avant-crise. Les ménages, en réponse, se tournent vers les produits locaux, les circuits courts et les denrées saisonnières.

Les marchés de producteurs et les coopératives agricoles locales gagnent du terrain : le ministère de l’Agriculture recense plus de 1 200 coopératives alimentaires actives dans la vente directe, contre 750 en 2019. Les ventes de fruits secs et de légumineuses, notamment les lentilles et les pois chiches produits à Béni Mellal ou Fès-Meknès, ont augmenté de près de 15 % depuis début 2024, selon Maroc Foodex.

La mutation touche particulièrement les jeunes urbains, plus sensibles aux enjeux de qualité et de praticité. À Casablanca, Rabat et Marrakech, la demande pour les paniers bio hebdomadaires et les abonnements alimentaires s’envole. Le e-commerce alimentaire, encore marginal avant la pandémie, représente désormais près de 6 % du commerce de détail alimentaire, d’après le rapport 2025 de l’Agence du Développement du Digital (ADD).

Les plateformes de livraison et les applications de comparaison de prix — comme Jumia Food, Glovo ou Chari — ont vu leurs transactions croître de +35 % en 2024, tandis que trois ménages sur dix utilisent désormais des outils numériques pour suivre les promotions ou comparer les prix, selon le dernier baromètre du HCP sur la consommation.

Cette recomposition traduit aussi une transformation culturelle : 73 % des Marocains déclarent vouloir réduire le gaspillage alimentaire et 64 % affirment privilégier les produits locaux, selon une enquête de l’Observatoire national du développement humain (ONDH, 2025). L’essor des produits biologiques, encore minoritaire, progresse à deux chiffres, avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 1,2 milliard de dirhams en 2024, contre 600 millions en 2020.

Au-delà des contraintes économiques, cette évolution marque une réappropriation des valeurs de sobriété et de convivialité. La gastronomie marocaine, riche de ses influences régionales et de son savoir-faire ancestral, s’adapte à ces nouveaux équilibres sans renoncer à son essence : le partage, la variété et l’ancrage dans le terroir.

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