Myrtille : le Maroc s’installe parmi les leaders mondiaux

La montée en puissance du Maroc dans la filière des fruits rouges se confirme, portée par une production dynamique et une demande internationale toujours plus forte. Les dernières données de l’International Blueberry Organization (IBO), relayées par L’Economiste, témoignent d’un repositionnement stratégique du pays, désormais classé parmi les acteurs africains les plus influents du marché mondial de la myrtille.
La production mondiale de ce fruit connaît une expansion impressionnante : 2,15 millions de tonnes ont été récoltées en 2024, avec une part majoritaire destinée au marché frais. Les projections annoncent une croissance de près de 50% d’ici 2028, entraînée par les régions américaines mais aussi par la zone Europe–Moyen-Orient–Afrique et l’Asie-Pacifique. Dans ce paysage en mouvement, l’Afrique gagne du terrain grâce à l’essor simultané du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Égypte, une dynamique qui pourrait remodeler le marché d’ici la fin de la décennie.
Ces enjeux ont occupé une place centrale lors du Morocco Berry Conference 2025 à Agadir, où les intervenants ont mis en lumière les mutations rapides du marché mondial et les innovations techniques qui soutiennent cette croissance. Les discussions ont insisté sur la nécessité d’un positionnement cohérent des pays africains, mais aussi sur l’importance des investissements logistiques et d’un branding plus affirmé pour rivaliser avec les grands exportateurs d’Amérique latine.
Au Maroc, les performances de la filière témoignent d’une accélération remarquable. La production nationale de myrtilles fraîches a atteint 71.700 tonnes en 2024, une progression spectaculaire en quelques années. Les zones d’Agadir et de Dakhla concentrent l’essentiel de l’expansion, et l’export représente environ 95% des volumes, à destination principalement de l’Europe mais aussi de l’Asie, où la Chine devient un marché de plus en plus stratégique. La superficie nationale dédiée aux fruits rouges avoisine aujourd’hui les 14.000 hectares, dont la moitié pour la myrtille. Selon l’AMPFR, la croissance des exportations devrait se poursuivre à un rythme soutenu cette année, portée par une consommation mondiale en hausse continue.
Cette dynamique s’accompagne toutefois de défis réels. Les coûts de production augmentent, les distributeurs renforcent leurs exigences en matière de qualité et de régularité, et la concurrence internationale reste vive. Les experts rappellent que la compétitivité de l’Afrique dépendra de sa capacité à fiabiliser sa production sur toute la saison et à optimiser ses chaînes logistiques, notamment en réduisant les durées de transport. L’adoption de variétés mieux adaptées aux climats chauds, la gestion durable de l’eau et la montée en compétence des producteurs figurent également parmi les conditions essentielles pour consolider cette trajectoire.
Les perspectives sont néanmoins prometteuses : avec des investissements ciblés et une stratégie commune, l’Afrique peut renforcer son influence dans l’export mondial de myrtilles. Pour le Maroc, l’enjeu est désormais de capitaliser sur cette dynamique afin de consolider un positionnement qui le place déjà parmi les leaders de demain.
Avec L’Economiste
