Affaire Dirty Diesel: pourquoi le Maroc est forcément concerné

«Les négociants suisses inondent l’Afrique de carburants toxiques». Ce n’est que le titre (que dire des détails ?!) d’un rapport incendiaire livré par l’ONG suisse Public Eye. Un rapport qui fait suite à une menée par l’ONG durant 3 ans et qui révèle que les négociants suisses d’hydrocarbures recyclent en Afrique, de l’Ouest notamment, le dirty diesel qu’il n’arrive pas à commercialiser en Europe car non conforme aux standards de qualité en vigueur au Vieux Continent. Il s’agit tout particulièrement de ces majors du négoce du pétrole que sont Vitol, Trafigura ou Addax & Oryx. En réaction à ce rapport, le GPM (Groupement des Pétroliers du Maroc) a précisé que le pays n’était pas concerné étant donné que les normes de qualité au Maroc sont bien plus exigeantes que celles de mise en Afrique de l’Ouest.
Toujours est-il que, depuis la fermeture de Samir, le pays est devenu un importateur net d’hydrocarbures raffinés. Ce qui signifie que le risque de s’approvisionner, ne serait-ce qu’en partie, de ce type de diesel toxique n’est pas du tout exclue (Pour exemple, Vitol est distribué au Maroc par Shell). Cela d’autant plus que parmi les griefs qu’avaient les distributeurs pétroliers à l’encontre de Samir figurait en bonne place le fait qu’elle les empêchait, via le régime de la compensation, de profiter pleinement des conditions plus avantageuses de négociation de prix sur le marché international!
Ainsi, les affirmations rassurantes du GPM ne sauraient être suffisantes pour évacuer tout risque surtout que les cas de véhicules endommagés pour cause de carburant de mauvaise qualité ne cessent de se multiplier (il n’y a qu’à faire un tour rapide sur les groupes Facebook dédiés aux doléances des consommateurs pour s’en rendre compte).
Ce qui serait en revanche réellement rassurant est que le ministère de l’Energie publie la liste détaillé des négociants qui approvisionne le Maroc en pétrole et qu’il apporte la preuve suffisante et indiscutable que les dirty diesel n’existent pas au Maroc ou s’ils existent en quelle proportion alors.
Pour l’heure, l’affaire ne semble faire grande sensation auprès du département Amara. En cette période de fin de mandat, faire ses cartons est peut être plus urgent !