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Gaz butane : des subventions qui pèsent lourd sur le budget des ménages

Face à la hausse de la consommation et aux impératifs de financement de la généralisation de l’assurance maladie, le gouvernement marocain engage une réforme graduelle du système de subventions du gaz butane. Ce dispositif, figé depuis plus de trente ans, représente un poids considérable pour les finances publiques. (

Depuis 1992, le prix de la bonbonne de gaz butane de 12 kilogrammes reste fixé à 50 dirhams, un niveau artificiellement maintenu par l’État. Ce prix stable, rassurant pour le consommateur, a toutefois généré une charge budgétaire colossale. Selon Les Inspirations Éco, le Trésor public a déboursé en moyenne 1,07 milliard de dirhams par mois durant les huit premiers mois de 2024 pour compenser le différentiel entre le coût réel et le prix de vente au détail. Sans cette aide, une bonbonne coûterait 104 dirhams, soit plus du double du tarif actuel.

Les dépenses de compensation du gaz ont atteint 15 milliards de dirhams en 2024, en baisse de 10 % par rapport à 2023. Cette diminution, équivalente à environ 1,7 milliard de dirhams, s’explique par la hausse progressive du prix de la bonbonne, une consommation légèrement modérée et une dépréciation du dirham de 1,87 % face au dollar. Malgré cette contraction, la facture reste considérable : depuis 2012, l’État a consacré plus de 167 milliards de dirhams à la subvention du butane.

À l’échelle internationale, le Maroc figure parmi les pays les plus généreux. Le soutien au gaz représente plus de 4 % des dépenses publiques, un niveau bien supérieur à celui observé en Inde, en Égypte ou en Tunisie, où les subventions varient entre 0,2 % et 3 %. Cette charge est d’autant plus préoccupante qu’elle absorbe une part importante des marges budgétaires nécessaires à d’autres réformes sociales, notamment la généralisation de l’assurance maladie obligatoire.

Les autorités reconnaissent désormais que le dispositif actuel, fondé sur une subvention uniforme, bénéficie davantage aux classes moyennes urbaines qu’aux ménages modestes. Ces foyers urbains, souvent équipés de plusieurs bonbonnes pour la cuisine et la salle de bain, profitent pleinement du prix subventionné. À l’inverse, dans les zones rurales, certains agriculteurs utilisent le gaz butane à des fins non domestiques — notamment pour le pompage ou le chauffage agricole —, un détournement régulièrement constaté mais rarement sanctionné.

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