L’USFP mise sur la réduction de la pression fiscale
Moins de pression fiscale, un emploi digne et un logement décent, à la ville comme à la campagne. L’ambition de l’USFP pour la classe moyenne est à la fois simple et pas évidente.
La taxation des hauts revenus et l’amélioration du pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes est le crédo presque naturel d’un parti socialiste comme l’USFP. Il semble que le parti d’El Youssoufi maintienne toujours cette orientation. Ainsi, selon Khaoula Lachgar, membre du conseil national du parti, « l’USFP se positionne depuis sa création en tant que défenseur de la classe moyenne. En effet, la construction d’un Etat de droit avec des citoyens libres passe par l’élargissement de la classe moyenne. Celle-ci, au regard de son niveau d’éducation et de revenu est un contributeur clé au développement du pays sur les plans économique et social mais également en termes de stabilité et de sécurité ».
«A travers tous ses programmes électoraux et lorsqu’il était dans l’exercice du pouvoir (gouvernement Youssoufi), la parti a été à l’origine des mesures de renforcement du pouvoir d’achat et d’initiation des filets sociaux », souligne notre source. Qu’en est-il pour les élections en cours ?
La recette USFP pour la classe moyenne
«Pour rendre à la classe moyenne ses lettres de noblesse, l’USFP mise sur la réduction de la pression fiscale sur la classe moyenne (TVA, IR) afin d’améliorer son pouvoir d’achat, l’amélioration de la qualité des services sociaux publics notamment l’éducation et l’accès aux produits culturels
et de loisirs et la réduction du restant à charge dans le cadre de la sécurité social généralisée ». Aussi, « il s’agit de mettre en place une politique de l’emploi intégrée et volontariste qui favorise la création d’emplois pérennes et décents et une autre dédiée à l’Habitat qui permettra l’accès à un logement décent à prix raisonnable dédié à la classe moyenne».
Dans le rural, le parti de la rose vise la création d’une forte classe moyenne rurale «capable d’améliorer son territoire et de créer une valeur ajoutée locale». Concernant le domaine de l’éducation, « le programme de l’USFP est riche en propositions de mesures concrètes puisées dans le vécu et l’expérience des professionnels (syndicats des professeurs universitaires, syndicat des professeurs des écoles et lycée, associations des professionnels de l’enseignement privé), des parents et des élèves/étudiants », note Lachgar. Dans le détail, les mesures s’articulent autour de différents axes dont la généralisation de l’enseignement préscolaire et la lutte contre l’abandon scolaire du primaire avec un objectif d’atteindre
100% de scolarisation des enfants, l’amélioration de la vie estudiantine et le renforcement du réseau d’hébergement des élèves et des
étudiants, la modernisation des cursus scolaires et universitaires et le renforcement des capacités des ressources humaines notamment sur les volets pédagogique. Dans le secteur de la Santé, les propositions de l’USFP reposent, comme le détaille Lachgar, sur « la nécessité d’assurer une protection sociale solide qui rompt avec la logique de la charité en activant la couverture maladie universelle, la concrétisation effective du droit de chacun à la santé, et la consolidation du concept de solidarité et d’interdépendance sociale parmi les groupes sociaux qui constituent la nation ». «Le parti adopte une approche holistique de la question de la santé qui ne repose pas sur le modèle purement biomédical, mais sur un modèle de santé cohérent qui vise à redistribuer les dépenses publiques en faveur des services de santé », commente Lachgar.
Elle ajoute aussi que « c’est un modèle qui cherche à établir le droit de tous les citoyens à la santé et à l’accès aux services de prévention et aux soins médicaux conformément aux principes de solidarité, d’égalité et de qualité. Pour atteindre ces objectifs, la formation politique propose l’adoption d’un système de santé global et juste, sur la base d’une charte nationale à porter par un conseil national de la santé, l’augmentation du budget de la santé à 10% et mise en place d’un financement complémentaire par les collectivités territoriales, la création d’un identifiant et d’un dossier médical unique numérisé pour un meilleur suivi et prise en charge rapide des malades le tout avec un renforcement des capacités de formation du personnel médical et administratif pour assurer l’équilibre dans la distribution territoriale des ressources humaines ».
“ Quel que soit le gouvernement de 2021 ou de 2026, il doit s’inscrire dans cette autoroute du Nouveau Modèle de Développement”
A quelques semaines des élections législatives, certains partis politiques dont le RNI, le PPS, l’Istiqlal…ont déjà dévoilé leurs programmes électoraux. Quel parti aurait donc le plus de chances pour gagner la partie ? Les pronostics vont bon train. Décryptage du politologue et universitaire Mustapha Sehimi.
Est-ce que le PJD a-t-il une chance de rempiler pour un troisième mandat en septembre 2021?
A quelques semaines des élections législatives, les simulations et prévisions supposent que le PJD pourrait toujours occuper la position de leader avec un total de députés situé entre 80 et 85 du fait de l’application du nouveau quotient électoral qui leur fera perdre entre 30 à 40 sièges. Ce sont les prévisions établies par le parti lui-même, le ministère de l’intérieur et les différents politologues de la place. Donc la probabilité que le PJD se positionne en tête est forte. Mais cela va poser une grande problématique. En effet, l’article 47 de la constitution prévoit que le Roi nomme un membre du parti classé premier. Cela voudrait dire que durant 15 ans et pendant trois législatures successives y compris celle de 2021, le PJD serait devenu un parti structurant central et régulateur non seulement du système des partis mais aussi de la vie politique nationale. A mon avis, c’est une entrave
majeure au bon fonctionnement des institutions.
Je soutiens que le PJD ne devrait pas rempiler à un troisième mandat parce que je crois qu’il n’a plus rien à démontrer, ni à prouver ni à produire. Il a épuisé toutes ses capacités réformatrices et n’est plus porteur de changement.
Quelle évaluation faites-vous du bilan gouvernemental de ces 5 dernières années?
Il y a une grande difficulté dans ce sens.
Qui revendique ce bilan. En principe c’est une majorité sortante qui doit le faire. Or ce n’est pas le cas. La majorité est divisée et n’arrive plus à réunir. Le PJD va mettre en relief ce qu’il a fait. Mais une chose est sûre. Les grandes réformes ont été initiées par le Roi et non par le PJD ni encore le gouvernement dans sa globalité.
Du côté des partis de la majorité, chacun revendique ce qu’il a fait dans son secteur, comme c’est le cas pour le RNI qui met l’accent sur les mesures de la relance économique, sociales et industrielles. Le bilan est donc susceptible de plusieurs lectures. Et les électeurs ne votent pas toujours sur la base d’un bilan. Ils ont besoin plutôt d’espoir. Et le PJD en particulier est un parti qui a fait beaucoup de promesses. Mais il n’est plus considéré comme porteur d’espoir ou d’un carnet de prochaines réformes pour les 5 années à venir.
Bon nombre de partis ont dévoilé leurs programmes électoraux. Qu’en pensezvous?
Il y a une difficulté pour les partis à donner une identité à leurs programmes respectifs.
L’enjeu est de proposer une offre partisane attractive en direction les électeurs, alors que tous les programmes des partis sont écrasés par le nouveau modèle de développement (NMD) . Ce dernier est un axe central pour les 15 prochaines années et la difficulté pour les partis est de pouvoir s’accrocher au wagon d’un train qui est en marche sans eux. Quelque soit le gouvernement de 2021 ou encore de 2026, il doit s’inscrire dans cette autoroute
du NMD sous la guidance royale. Alors pour se faire entendre, les partis ont réagi différemment. Si le RNI a opté pour le populisme, l’Istiqlal, lui, a fait un travail de fond en commençant avec un contre programme alternatif par rapport à celui de Othmani adopté depuis près de deux ans.
De son côté, le PPS a choisi d’adopter une approche de réflexion sur les pistes d’une politique de demain. Le PAM n’a jusque là pas encore dévoilé son programme et l’USFP a du mal à se faire entendre.
Quelle place accordée par les partis politiques pour l’amélioration des conditions de vie de la classe moyenne ?
La classe moyenne est au centre des préoccupations des hautes instances. Elle est censée aujourd’hui prendre le relais de la croissance et faire tourner la machine économique à pleine vapeur. Or, elle n’cessé de s’effriter au cours des dernières années pour plusieurs raisons notamment
la défaillance des services publics. Le pouvoir d’achat est en nette dégradation et cette classe demeure le parent pauvre des politiques publiques. Sur la base des programmes électoraux dévoilés jusque là, on peut dire que l’Istiqlal est le seul parti qui priorise d’agir sur les conditions de vie de la classe moyenne et qui apporte un soin particulier à la protection du pouvoir d’achat de cette catégorie.
Selon vous, quelles seraient les priorités sur lesquelles doit se positionner un parti aujourd’hui pour être à la hauteur des espérances ?
Je crois qu’il y a deux priorités importantes : la relance économique et les réformes sociales.
Il faut que la machine économique redémarre pour créer de la richesse et de l’emploi. Et pour la question sociale qui englobe le volet de la protection sociale, de l’emploi, de l’amélioration des conditions de vie avec la mise en place d’un fonds d’aide sociale pour les démunis…
les attentes sont très fortes. Le secteur de la santé occupe aussi une place prépondérante au niveau des préoccupations des citoyens. Deux grandes réformes sont également très attendues notamment : la lutte contre la corruption et de réforme fiscale. En gros sera favorisé le parti qui proposera des mesures fortes pour la relance économique couplées à de grandes réformes sociales. Le cadre est déjà tracé par le Roi. Encore faut-il avoir les compétences nécessaires et le volontarisme politique
Quels seraient donc les grands favoris pour les prochaines élections législatives?
A mon avis, la probabilité la plus forte serait que le PJD arrive premier avec 80 à 85 sièges suivi en deuxième position par le RNI qui pourrait décrocher entre 70 et 75 sièges. Le RNI compte aujourd’hui 38 députés, s’il arrive à doubler c’est un grand acquis. L’Istiqlal pourrait occuper la troisième position avec un nombre de sièges situé entre 60 et 65.