Viandes ’’Oubliés » … Une stratégie globale d’éducation et de communication indispensable
La sensibilisation du public et l’éducation nutritionnelle sont primordiales. Il s’agit de déconstruire les idées reçues concernant le goût, la qualité et les bienfaits pour la santé de ces viandes. Des campagnes peuvent mettre en lumière leurs avantages nutritionnels, tels que leur faible teneur en gras, leur richesse en protéines et en minéraux essentiels. Il est également crucial de promouvoir les bénéfices d’une alimentation diversifiée pour la santé et la sécurité alimentaire, d’autant plus que la consommation de protéines animales au Maroc reste en deçà des recommandations internationales. La communication doit aussi insister sur les avantages environnementaux de ces élevages alternatifs, tels que leur empreinte carbone réduite et leur moindre besoin en ressources.
Des stratégies de communication structurées sont nécessaires. Cela inclut le développement de campagnes ciblées, potentiellement via les médias traditionnels et les réseaux sociaux. Le renforcement du label « Terroir du Maroc » pour les viandes oubliées est essentiel pour bâtir la confiance des consommateurs et différencier ces produits. Des collaborations avec des chefs influents pour des démonstrations culinaires et des partages de recettes peuvent démystifier ces viandes et encourager l’expérimentation. L’intégration de la nutrition et de la diversité des protéines dans les programmes éducatifs et de santé publique est également une voie prometteuse.
Il est impératif de réévaluer les subventions agricoles pour inclure et soutenir activement les filières des viandes alternatives. Des investissements sont nécessaires pour moderniser les abattoirs, les unités de transformation et les chaînes du froid pour ces viandes. Faciliter l’accès au marché par des circuits courts, des marchés de producteurs ou des sections dédiées dans les supermarchés peut rendre ces viandes plus accessibles. Enfin, le soutien à la recherche et au développement est crucial pour améliorer la productivité, la sélection génétique et les pratiques d’élevage durable pour ces espèces.
La quête d’une assiette marocaine plus diversifiée, durable et résiliente passe inévitablement par la revalorisation de ses viandes oubliées. La dominance actuelle du poulet, de la dinde, du bœuf et de l’agneau est le fruit de trajectoires historiques, de politiques agricoles ciblées et de dynamiques socio-économiques, plutôt qu’une préférence culturelle immuable. Le passé culinaire du Maroc, riche en autruche, pigeon, chameau et chèvre, offre une base solide pour réintroduire ces protéines aux multiples atouts.
Pour concrétiser cette transformation, une approche collaborative et multidimensionnelle est essentielle. L’apport d’initiatives devra réorienter ses politiques de soutien et d’investissement pour inclure et promouvoir activement ces filières alternatives. Les acteurs de l’agroalimentaire sont invités à innover dans la transformation et la distribution de ces produits, en garantissant la qualité et la traçabilité. Les chefs cuisiniers ont un rôle de pionniers, capables de redonner ses lettres de noblesse à ces viandes en les intégrant de manière créative dans la gastronomie marocaine et en éduquant les palais. Enfin, une communication et une éducation nutritionnelle ciblées sont cruciales pour sensibiliser les consommateurs aux bienfaits et à la diversité de ces protéines, déconstruisant les idées reçues et encourageant l’adoption de nouvelles habitudes.
En embrassant cette diversité oubliée, le Maroc peut non seulement enrichir son patrimoine culinaire, mais aussi bâtir un système alimentaire plus robuste, plus sain et plus respectueux de son environnement et de ses terroirs. C’est un investissement dans l’avenir de l’assiette marocaine, pour une alimentation plus locale, plus variée et plus responsable.