Les médecins privés menacent de refuser les patients AMO
Les médecins spécialistes privés se révoltent contre l’AMO. Lisez ce passage du communiqué de leur syndicat (CSNMSP) et de l’Association des cliniques privées (ANCP) : «Depuis 2006, nous avions accepté de travailler à un tarif de référence très en dessous d’une médecine de qualité, rien que pour permettre au projet national de l’AMO de démarrer. Depuis, nous ne cessons de revendiquer une revalorisation que la loi 65/00 prévoit tous les 3 ans, mais sans aucun répondant positif. Une tarification inadéquate et arbitraire ne tenant compte ni du coût réel des prestations, ni du progrès médical, continue à nous être imposée et cela depuis plus de 10 ans». Je ne sais pas pourquoi j’ai tout de suite envie de pleurer le malheureux sort des cliniques privées! L Le communiqué est sorti suite à l’assemblée générale des deux syndicats du 18 mai 2016. Les médecins citent également l’excédent d’exploitation de 23,5 milliards de dirhams de la CNSS et de la Cnops, organismes gestionnaires de l’AMO. Autrement dit, ces commerçants de la santé disent à la CNSS et l’AMO : vous avez de l’argent, partagez-en un peu avec nous…Cet argument de caisses excédentaires peut être retourné contre les médecins privés et leurs représentants. En fait, c’est un indicateur inquiétant sur la panne dans laquelle se trouve l’AMO. Il signifie tout simplement que le commun des salariés marocains n’utilisent pas trop l’AMO ce qui implique que ses réserves ne sont pas tant que cela sollicitées. Pourquoi donc ? Pour plusieurs raisons aussi bien structurelles relevant par exemple de l’étendu des soins couverts ou de la population couverte. Rappelons à ce niveau que les grands groupes privés dans leur grande majorité restent adhérents aux mutuelles privées comme assurance de base. Cela concerne encore même une bonne partie des PME privées. Mais il y a aussi des complications d’ordre pratique relatives à la célérité des prises en charge et à la valeur qu’accorde une clinique lambda à une prise en charge CNSS et CNOPS…Le terrain renseigne sur la tendance, qui ne peut être généralisable, à exiger des patients des conditions de paiement en dehors de ce que prévoient les conventions signées ou même les lois en vigueur (chèque de garantie avant prise en charge, parfois paiement en espèce, recours non justifié à des consommables non remboursables, etc.) En somme, s’il y a un perdant dans l’affaire c’est bien le patient-consommateur marocain. Et comme ils parlent de l’excédent des caisses gestionnaires, les médecins privés devraient également avoir le courage de révéler au grand public des consommateurs l’excédent (ou les pertes supposées) de leurs entreprises !
Très grave
*A l’issue de leur assemblée, les médecins privées ont décidé de sursoir (arrêter) à demander des prises en charge aux organismes gestionnaires (CNSS et CNOPS). Comprendre qu’ils ne traiteront plus les patients AMO.
*Organiser des journées sans médecins tant que leurs revendications continuent à être ignorées par la CNOPS et la CNSS…
Une autre preuve, si besoin est, de l’humanisme légendaire de nos médecins spécialistes privés.