ENTRETIEN … «La hausse du prix des viandes est une question de survie pour les Marocains »

Quelles sont les raisons de la flambée actuelle des prix des viandes?
Les raisons avancées par le gouvernement sont la sécheresse, qui est certes un facteur mais d’autres facteurs sont le laisser-aller et le déni de l’importance de l’élevage, qui n’a pas é été pris en considération dans le Plan Maroc Vert (2008-2019) ni dans le Génération Green (2020-2030). Ces deux plans n’ont malheureusement pas tenu compte du développement de l’élevage, et n’ont pas estimé son rôle essentiel du point de vue social, économique, nutritionnel et en termes de souveraineté alimentaire, jusqu’à ce que le problème soit posé sur le marché et que la crise se déclenche. L’offre de viande est de plus en plus faible et présente un manque accru, provoquant la flambée des prix, et ce que ce soit au niveau de la viande bovine, ovine, caprine, aviaire, chevaline et halieutique. Donc toutes les sources de protéines au Maroc ont vu leurs prix augmenter et sont devenues inabordables par rapport au pouvoir d’achat moyen. Pour de nombreux marocains, la viande est evenue « ce rêve inaccessible », comme disait Jacques Brel.

Que doit faire le gouvernement d’après vous?
Au Maroc, la loi 104-12 prescrit que les prix sont libres, à l’exception des produits subventionnés ou réglementés. Or la viande importée est subventionnée, donc l’Etat a le droit de fixer son prix, mais il ne le fait pas. Chaque boucher peut vendre au prix qu’il désire. Un boucher peut vendre sa viande à 500 DH/Kg, et personne ne peut le lui reprocher. Sa seule obligation est l’affichage du prix de vente et le consommateur est libre d’acheter ou non.
D’un autre côté, les importateurs sont exonérés de taxes douanières et de TVA alors que le boucher marocain paie la TVA et les taxes au niveau des abattoirs. Or pour une concurrence plus loyale, si les viandes importées sont exonérées et que le gouvernement ne fixe pas leurs prix, il faudrait également que les viandes abattues au Maroc soient exonérées pour leur permettre de baisser leurs coûts et donc d’être plus concurrentiels.

Qu’est ce que vous dites aux consommateurs dans ce sens?
La FMDC mène une campagne nationale de sensibilisation aussi bien au niveau des souks que des marchés pour sensibiliser le consommateur à n’acheter que les viandes qui correspondent à son pouvoir d’achat et qu’il use de son droit au choix. Et si le consommateur refuse l’achat des viandes pendant au minimum deux jours de suite, les prix
vont chuter.