DossiersTextile: on s'intéresse au consommateur marocain ... Enfin!

Textile. L’AMITH revoie sa copie

Conquête de nouveaux marchés, lutte contre l’informel, développement de marques marocaines…l’AMITH tire les enseignements de la crise pandémique pour remettre le secteur sur de nouveaux rails. Pour les 14 prochaines année, les professionnels ont mis en place une nouvelle feuille de route.

Frappés de plein fouet par la crise sanitaire, les professionnels du textile veulent aujourd’hui remettre la filière en première ligne sur l’échiquier mondial. Et pour se faire, ils mettent en place une nouvelle vision Dayem Morocco à l’horizon 2035 dont l’objectif principal reste le développement du textile made in Morocco. «. Il s’agit d’une stratégie globale, d’un guide transversal pour le secteur du textile marocain et de ses différentes composantes, et d’une réelle opportunité pour le secteur d’accélérer son développement dans le respect de valeurs sociales, environnementales, économiques et temporelles », explique le vice président de l’association marocaine des industries du textile et de l’habillement, (AMITH), Jalil Skalli ajoutant que «la crise est plutôt une opportunité pour remettre à plat tout le système afin de trouver les bonnes pistes qui permettront de booster voire même révolutionner le secteur durant les 14 prochaines années ». Pour l’AMITH, l’ambition est de pérenniser les emplois dans le secteur du textile et de l’habillement et en créer 50 000 nouveaux à l’horizon 2025, de porter la part de la production en co-traitance et produit fini de 35% actuellement à 60%, d’augmenter la valeur des exportations marocaines à 60 milliards de DH, et celle des exportations marocaines sur les marchés d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord à 20% du total à l’horizon 2035. Conquête de nouveaux marchés A l’échelle nationale, en 2019, l’industrie du textile comptait 1628 entreprises employant 189.000 personnes. Le secteur a généré un chiffre d’affaires de 50,48 milliards de DH, dont 36,5 milliards à l’export. La tendance haussière des exportations marocaines amorcée en 2010, a été freinée en 2020 par la pandémie de la COVID-19. Ainsi, d’une valeur de 36,5 milliards de DH en 2019, les exportations du Maroc ont chuté à 29,8 milliards de DH en 2020. Toutefois, d’après Skalli, 80% des exportations sont dirigées principalement vers deux marchés, l’Espagne et la France. « En dépit de la position géographique stratégique du pays et de son savoir-faire reconnu dans ses filières, ses parts de marché à l’export restent limitées en raison notamment des conditions d’accès aux marchés moins favorables que celles des concurrents », ajoute le vice-président de l’AMITH. Les textiliens souhaitent actuellement pénétrer de nouveaux marchés notamment ceux de l’Europe du Nord et de l’Est, des USA et de l’Afrique surtout avec l’entrée en vigueur de la ZLECAF. «Notre ambition est de devenir le hub textile de l’Afrique à travers la mise en place de plateformes de distribution avancée », insiste Skalli.Booster sur le marché local Dans le textile, le made in Morocco n’arrive toujours pas à séduire réellement les marocains. L’AMITH veut rectifier le tir et porter la part de marché sur le marché local à 40% contre près de 30% actuellement. Comment ? La directrice générale de l’AMITH, Fatima-Zahra Alaoui est catégorique : «Nous voulons se réapproprier le marché domestique jusque-là cannibalisé par les importations et surtout réconcilier le consommateur marocain avec produit local ». Concrètement, l’AMITH compte agir sur plusieurs fronts pour séduire les marocains. Il s’agit d’abord de mettre en place un taux de taux de sourcing local minimum pour les grandes enseignes de distribution opérant au Maroc. «Le modèle développé avec Marjane Holding est un succès. Et l’objectif est de dupliquer cette expérience avec d’autres opérateurs du secteur » nous confie Alaoui. Parallèlement, les professionnels de la filière assurent qu’ils vont mettre l’accent sur un véritable plan de communication pour renouer une relation de confiance avec le consommateur marocain. «Les professionnels ont leur rôle à jouer. Ils ont le devoir de proposer sur le marché une offre de qualité, compétitive et facilement trouvable sur le marché… », ajoute Alaoui. D’ici 2025, l’objectif est aussi de faire émerger 10 nouvelles marques 100% marocaines. Halte à l’informel Dans le textile, l’informel génère 12MMDH de chiffre d’affaires et emploie près de 180.000 personnes. Pour encourager les opérateurs à sortir de l’ombre, l’AMITH a sa propre recette. Elle propose ainsi d’adopter une TVA réduite pour le secteur, et travailler avec les régions pour la mise à disposition de locaux industriels adaptés avec la promotion de dispositifs de l’Etat (AMO, statut auto-entrepreneur…). Autre solution phare : favoriser l’emploi formel à travers une prime à l’emploi dans les régions hors axe Tanger/Casablanca. Selon Alaoui, 80% de la distribution locale aujourd’hui se fait dans le traditionnel. Elle recommande par conséquent de moderniser la distribution via la mie en place des « Aswak Namoudajia ».

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