DossiersTextile: on s'intéresse au consommateur marocain ... Enfin!

Notre ambition est d’atteindre 40% de parts de marché

Grands axes de la nouvelle feuille de route du secteur du textile, conquête du consommateur marocain, recours au chanvre dans la production....la Directrice Générale de l’AMITH, Fatima-Zahra Alaoui dit tout.

L’AMITH a mis en place une nouvelle feuille de route à l’horizon 2035. Quelles motivations et quels objectifs ?

La crise sanitaire a frappé de plein fouet le secteur du textile à l’instar d’autres secteurs. Annulations de commandes, arrêt des chaînes d’approvisionnement mondiales, fermetures d’usines… l’impact sur les entreprises et les travailleurs du secteur n’est pas à négliger. Parmi ses conséquences aussi, un changement des habitudes de consommation qui a donné naissance à de nouvelles tendances mondiales notamment le boom du e-commerce, accéléré par la restriction des déplacements et des mutations qui ont touché particulièrement le marché du prêt-à-porter avec des consommateurs se dirigeant vers une mode éthique et une consommation plus responsable, plus durable. C’est en observant les mutations des deux dernières années et en recueillant des données sur le terrain et auprès de ses membres et de ses partenaires, que l’AMITH a développé une nouvelle vision, en cohérence avec le Nouveau Modèle de Développement du Maroc à l’horizon 2035. Cette vision s’appuie sur quatre leviers de développement: l’agilité, l’innovation, la qualité et l’éco-responsabilité qui couvre les marchés local et international. Il s’agit d’une stratégie globale, d’un guide transversal pour le secteur du textile marocain et de ses différentes composantes, et d’une réelle opportunité pour le secteur d’accélérer son développement dans le respect de valeurs sociales, environnementales, économiques et temporelles. Sa mise en œuvre a pour objectifs de pérenniser les emplois dans le secteur du textile et de l’habillement et en créer 50 000 nouveaux à l’horizon 2025, assurer des conditions de travail optimales aux collaborateurs du secteur; devenir une référence en matière de production durable, reconquérir le marché local et booster les performances du Maroc à l’export en conquérant de nouveaux marchés.

Quelle place occupe aujourd’hui le consommateur marocain dans la stratégie de l’AMITH pour les 14 prochaines années ?

Le marché local occupe une place capitale dans la stratégie Dayem Morocco 2035. Actuellement, notre part de marché sur le marché domestique est très faible et ne dépasse pas les 30%. Et l’ambition est d’atteindre 40% durant les prochaines années. Nous voulons se réapproprier notre marché et réconcilier le consommateur marocain avec l’offre locale. Il y a des préjugés aujourd’hui non justifiées côté qualité et prix. Le secteur du textile marocain est le premier fournisseur pour l’Europe ce qui prouve la qualité des produits. Pour le prix, certains produits importés étaient vendus à des coûts anormalement bas ce qui a d’ailleurs justifié la mise en place de l’amendement de l’accord de libre échange avec la Turquie. Pour renouer la relation de confiance avec les consommateurs, nous comptons communiquer davantage sur l’offre marocaine. Le consommateur saura ainsi que des marques made in Morocco existent proposant des produits de bonne qualité avec des prix qui ne sont pas forcément plus chers que ceux importés.  Il faut souligner aussi, que favoriser l’importation au détriment de la production locale quand elle est équivalente en termes de qualité et de prix, c’est contribuer à l’emploi dans les pays qui fabriquent ces produits importés au détriment de l’emploi local.

L’industrie textile veut recourir à l’utilisation chanvre. En quoi cette fibre peut-elle être bénéfique pour le secteur et pour le consommateur ?

Contrairement aux idées reçues, le chanvre a été utilisé depuis des siècles par l’industrie textile, qui l’a pourtant écartée et diabolisée au profit d’autres matières comme le coton et les fibres synthétiques jusqu’à ce que les problématiques environnementales changent la donne. Car le chanvre, représente une alternative naturellement durable. La culture du coton par exemple nécessite 100 fois plus d’eau que du chanvre. La plante elle-même, a une empreinte carbone négative puisqu’elle absorbe du CO2, n’a pas besoin de fertilisants, régénère et augmente le rendement des sols…Une fois transformée,  cette matière peut être utilisée pour le textile médical vu que ses propriétés chimiques font d’elle un anti-bactérien et un anti-viral. Aussi, le chanvre est parfait pour  le textile de l’équipement de protection individuelle vu son caractère retardataire de flammes… Dans l’habillement, cette fibre capte moins les colorants, permet une régulation thermique et une protection contre les rayonnements  et apporte également de la résistante aux vêtements.  Ce n’est pas pour rien qu’elle est utilisée depuis des milliers d’années pour la fabrication des toiles de tentes et voiles de bateau, par exemple. En gros, c’est une fibre qui va apporter beaucoup  d’avantages au consommateur et à l’industrie du textile elle-même. Elle va nous permettre non seulement de proposer un produit durable à 100%, totalement intégré de la graine jusqu’au produit fini mais aussi de placer le Maroc en pool-position  dans les industries du textile mondial.

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page
×